SURENCHERE VERBALE, DISPUTES INTERMINABLES…

Publié le 04/08/2011 à 20:57 par verite-vrai Tags : wade fond bonjour femmes cheval sourire

Le navire Sénégal en eaux troubles...

L’enjeu de pouvoir ferait-il perdre la tête à la classe politique sénégalaise ? Entre le « coup de force » prôné une frange de l’opposition et les appels à l’insurrection de certains leaders de parti, les coups de boutoir du pouvoir contre ses contempteurs et les risques de déflagration liés au rendez-vous du 26 février 2007, les politiques sont mis devant leurs responsabilités.

Le mercure monte en flèche dans le microcosme politique. Les échanges de propos aigre-doux sont devenus monnaie courante et tous les états-majors politiques bandent les muscles, promettant de tailler en pièces ceux d’en face. Le passage du projet de loi sur l’instauration d’un ticket présidentiel le 23 juin, a failli plonger le pays dans le chaos. Les déclarations guerrières des uns et des autres ont fait craindre le pire. Et ce n’est pas nouveau ! Au moment du vote du projet de loi sur le couplage des élections en 2006, Talla Sylla s’était signalé aux Sénégalais en appelant à un coup d’Etat dans les colonnes du journal « Le Quotidien ». « Nous avons le devoir de nous opposer à un coup d’Etat. La résistance à l’oppression est un droit inaliénable de l’homme. C’est pourquoi, si le parti au pouvoir (Pds) : ndlr) et ses dirigeants deviennent un obstacle incontournable à l’expression de la volonté et de la souveraineté du peuple, ils ne nous laisseraient d’autre choix que celui de les renverser par la force. C’est à cela que j’invite l’ensemble des démocrates sénégalais, la communauté internationale qui doit veiller à ce qu’un coup d’Etat ne soit pas perpétré dans ce pays », avait-il laissé entendre, sérieux comme un religieux en prêche. Renverser le pouvoir par la force ? Frissons et fou rire. Pour faire plus « in », Oumar Sarr, l’ami fidèle de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck,  en appelait à une « insurrection » sur les ondes d’une radio pour venir à bout du pouvoir. Re-frissons, mais cette fois, le rire s’était crispé. L’inquiétude avait fini par s’insérer, avant de laisser la place à la panique.

Et ce n’est pas tout, loin s’en faut. Un jeune responsable socialiste était monté au créneau pour qualifier de « peul » le leader du l’Union pour le Renouveau Démocratique. Ce dernier, il est vrai, avait traité Ousmane Tanor Dieng et Abdoulaye Bathily de tous les noms d’oiseaux lors d’une conférence de presse. Bonjour la stigmatisation ethnique ! Même le très républicain PS a décidé de se débarrasser de ses atours républicains pour se muer en une «opposition plus ferme, plus critique, plus vigoureuse, sans concession ni compromis. Une opposition radicale ».

La manifestation du 23 juin a réveillé ces démons oubliés de la politique sénégalaise. L’opposition cherche vaille que vaille à bouter le président hors du palais, quitte à enfourcher le mauvais cheval de l’illégitimité démocratique. Le pouvoir, de son côté, décidé à en découdre avec ses contempteurs, clame sa résolution à rendre les coups, les cailloux et les invectives.Le sourire, on le constate, cède la place à la grimace.

Gare à l’ivoirisation !

Qu’arrive-t-il donc à nos hommes politiques ? Ont-ils tous perdu la raison ? Et surtout, ont-ils le droit de saborder ce pays à cause de l’enjeu de pouvoir ? Voilà une petite pelote d’hommes et de femmes si prompts à faire la leçon, qui a perdu le sens de la réalité au point de jouer avec le destin de leurs millions de compatriotes. Apparemment, la classe politique n’a que le souci de ses intérêts, sinon ils seraient plus regardants vis-à-vis de l’image qu’ils renvoient à leurs concitoyens. Pourtant, les résultats d’un sondage Nouvel Horizon – BDA publié dans l’édition n° 181 du 6 août 1999 de l’hebdomadaire de Liberté II aurait dû leur permettre de se regarder sur le miroir de l’opinion publique. 20,4 % des sondés dakarois (500 au total) les trouvaient « menteurs et démagogues » ; 19,7 % estimaient qu’ils « ne pensent qu’à s’enrichir » et « détourner l’argent du pays » et 12,1 % les jugeaient « peu sérieux, incapables ». Implacable !

Presque douze années après ce verdict populaire, c’est-à-dire le temps des deux mandats présidentiels de Wade, les disputes politiques se multiplient toujours, les actes de violence essaiment à vive allure et le pays tout entier glose sans cesse sur la moindre déclaration du plus insignifiant des partis politiques. TOUT serait-il finalement politique au Sénégal ?

Comparaison n’est sans doute pas raison, mais le contexte actuel au Sénégal est gros des dangers qui ont mis la Côte d’Ivoire à genoux. La classe politique ivoirienne très jusqu’au-boutiste a, sur fond de stigmatisations ethniques et d’oppositions crypto-personnelles, conduit aux dérives actuelles. Voilà pourquoi les disputes autour de l’enjeu de pouvoir, encore lui, les constrictions nées du radicalisme des chapelles politiques sénégalaises doivent céder le pas à l’enjeu suprême de la préservation de la stabilité de notre pays. C’est cela la vraie responsabilité.

Yollande Thiam